Visages sans Visas

Par Renaud TOFFIER

 

Mardi 13 mars, un amphithéâtre au 21 rue de l’Ecole de médecine, dans le 6ème arrondissement à Paris. Des dizaines d’étudiants se sont réunis pour protester contre la circulaire Guéant qui, bien que “remaniée”, empêche toujours certains d’entre eux de décrocher leur précieuse autorisation de travail.

 

Encore aujourd’hui, des milliers de jeunes diplômés désespèrent, attendant une réponse de la Préfecture pendant des mois et des mois.


Une situation qui décourage les étudiants, mais aussi les entreprises. Une situation qui écorne l’image de la France où ces étudiants sont venus pour trouver un travail et un idéal de société.

 

Zineb est originaire du Maroc. A 27 ans, son CV est déjà conséquent : un Master en “Affaires Internationales”, et un autre Master en “Gestion de Projets”.

 

Quelle est ta situation ?
Après une année de formation passée au Vietnam, j’ai reçu à mon retour en France une proposition d’embauche pour un poste de responsable Zones Export. Mes diplômes et mes compétences en langues faisaient de moi une candidate idéale pour cet emploi.


Attendant une autorisation de travail de la Préfecture, j’ai du me résigner à accepter un CDD, puis un autre, alors que l’entreprise me proposait un CDI.

 

Aujourd’hui, tu ne peux plus travailler ?
J’ai du observer une durée de carence de 46 jours, obligatoire après deux CDD d’affilés. J’aurais du reprendre le travail le 6 mars, mais j’attends toujours une réponse de la préfecture. Le problème, c’est que je sens comme un découragement de mes employeurs. Ils mettent plusieurs jours à me rappeler. J’ai un très mauvais pressentiment.

 

Que comptes-tu faire ? 
Les durées d’attente sont si longues. La Préfecture m’annonce qu’ils ont déjà une centaine de dossiers en retard ! Je me sens humiliée, l’Etat considère que nous sommes des immigrés sans solution, sans autre possibilité que d’attendre, mais c’est faux ! A Hong-Kong, j’avais décliné une offre d’emploi pour venir à Paris. J’ai vraiment le choix de partir. Et j’en suis presque contrainte maintenant.

 

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Chao est un jeune chinois de 25 ans venu étudier le commerce à Paris. Il est titulaire d’un Master en “Management des Entreprises et des Organisations”.

 

Quelle est ta situation ?
Avant la fin de mes études, un CDI m’a été proposé. L’entreprise, spécialisée dans le luxe, m’aidait beaucoup pour les formalités administratives. Ma demande d’autorisation de travail a pourtant été refusée car mon salaire… n’était pas assez élevé. Il fallait que celui-ci soit au moins équivalent à 1,5 fois le SMIC.

 

Un dossier de réexamen a donc été envoyé ?
Oui, mon employeur a accepté de relever le salaire à 1700€ par mois. Or, la Préfecture a rejeté une nouvelle fois ma demande… pour le même motif ! C’est comme s’ils n’avaient pas lu les modifications de mon dossier. C’est incroyable.

 

Que comptes-tu faire aujourd’hui ?
Les avocats de mon entreprise ont pris en charge mon dossier, afin de demander à la Préfecture pourquoi la demande de réexamen n’avait pas aboutie. Mais les temps d’attente sont très longs, je connais des étudiants qui ont passé plus de huit mois sans travailler ! Si cela échoue une nouvelle fois, je me verrais obligé de retourner en Chine. Mais je garde espoir.

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