Quand étudier devient synonyme de galérer
Par Camila Campusano
Imaginons qu’il s’appelle Luc. Il a 27 ans. Il est grand et mince. Derrière un sourire et une allure décontractée, se cache un jeune homme qui ne veut pas « crier sur les toits [qu’il] est allé au Secours Populaire. »
Il a quitté famille et amis pour venir en France. Le master en sciences humaines qui le faisait rêver n’existait pas dans son pays. Son projet : devenir professeur là où il a grandit.
Le logement : première étape du parcours du combattant de Luc. Un oncle l’a recueilli. Une chance, c’est certain. Cependant, cela voulait dire 3h de trajet par jour et souvent pas de repas à midi, faute de moyens. Ce rythme n’empêche pas le jeune étudiant de réussir sa première année de master. La fatigue accumulée finit par le freiner en deuxième année.
Un logement, c’est solution qui devrait soulager l’ambitieux jeune homme. Comment assouvir les exigences des propriétaires ? Travailler et obtenir un prêt. Comme beaucoup d’étudiants, Luc jongle entre ses cours et un job. Grace au précieux poste de « pion », il obtient une studette.
Luc – “J’ai ma studette”
our s’en sortir, trouver un logement, reprendre en main sa scolarité, Luc a besoin d’être écouté et aidé. Il se tourne vers le Secours Populaire. « C’est avec la mort dans le cœur, que je suis venu au Secours Populaire. » Pas facile de reconnaître sa détresse et de demander un coup de pouce.
Luc – “Mort dans mon coeur pour venir jusqu’ici (Secours populaire)”
Pas un mot à la famille. Luc préfère préserver les siens. C’est son problème ; une question d’honneur et d’indépendance. Ils en ont déjà fait beaucoup pour lui au point qu’il estime avoir une dette envers eux.
Luc – “Ma famille n’est pas au courant”
Par contre ses amis proches savent que Luc n’a pas le même niveau de vie qu’eux. Toutefois, le Secours Populaire reste son petit secret.
Luc – “Mes amis, ils le savent”
Des étudiants qui ont tout quitté pour se forger un avenir à travers les écoles françaises, il y en a plein. Ils partent pour un master ou un doctorat, sans connaitre la réalité financière en France. Ce qui représente beaucoup d’argent à leurs yeux ne suffit pas à subvenir à leurs besoins. La pente devient facilement glissante. Luc connait des jeunes qui n’ont pas réussi à s’en sortir ou qui essayent tous les jours. La circulaire Guéant a dernièrement entraîné certains jeunes dans une spirale infernale.
Luc -”ça se passe très mal pour elle”
Les étudiants étrangers ne sont pas les seuls à connaître des difficultés. Les jeunes sont mis en avant dans cette campagne. La France pense à son avenir. Cependant, les candidats à l’élection présidentielle oublient bien souvent que les étudiants sont eux aussi amenés à vivre dans la misère. Ce n’est pas une fatalité. Aujourd’hui Luc est optimiste. Il termine son mémoire et envisage même de se lancer dans un doctorat.
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